Accusé en Australie d’avoir trompé ses utilisateurs quant à l’exploitation étendue de leurs données personnelles à des fins de publicité ciblée, Google fait face à une action en justice lancée contre lui par le régulateur australien de la concurrence. Le point.

Affaire Google : que s’est-il passé exactement ?

Lundi 27 juillet 2020, la Commission australienne de la concurrence et de la consommation (Australian Competition & Consumer Commission – ACCC) annonce avoir lancé une procédure judiciaire contre Google LLC devant la Cour fédérale australienne. La cause : le moteur de recherche aurait utilisé de façon abusive les données personnelles des utilisateurs australiens à des fins de publicité ciblée. La firme de Moutain View risque une grosse amende…

Cette action en justice intervient neuf mois après que l’ACCC, l’autorité antitrust de l’Australie, ait rappelé Google à l’ordre en l’accusant de tromper ses utilisateurs sur la manière dont le moteur de recherche collecte, stocke et exploite les données de géolocalisation.

Dans les faits, Google aurait augmenté sa capacité à proposer des publicités ciblées en trompant ses utilisateurs, dans le but d’obtenir leur consentement pour étendre la collecte de leurs données personnelles.

Google aurait induit les consommateurs en erreur

Pour l’autorité antitrust australienne, pas de doute : Google a augmenté ses profits en induisant les consommateurs en erreur. Concrètement, l’ACCC accuse le moteur de recherche de ne pas avoir obtenu le consentement explicite des consommateurs, en plus de ne pas les avoir suffisamment informés d’une décision, datant de 2016, permettant de combiner les données personnelles issues de comptes Google avec celles de sites web tiers. Selon l’ACCC, en agissant de la sorte, le moteur de recherche a délibérément induit en erreur les consommateurs sur l’utilisation de leurs données personnelles.

Rod Sims, le président de la commission, estime que les modifications apportées par Google en 2016 ont « considérablement augmenté la portée des informations personnelles ». Des informations privées, souvent sensibles qui plus est. De son côté, Google nie en vrac les accusations de l’ACCC. Pour le géant américain, il ne s’agit pas d’un acte malhonnête, d’autant plus que, selon lui, les notifications étaient bien visibles et faciles à comprendre. Ce à quoi le gendarme australien rétorque que les utilisateurs ont bel et bien été invités à accepter les modifications de 2016 sans disposer de suffisamment d’informations pour que leur choix soit libre et consenti.

Des millions d’Australiens potentiellement impactés

Relier les données de sites hors Google à celles du compte Google de l’utilisateur, Rod Sims estime qu’il s’agit là d’une politique de confidentialité trompeuse de la part du moteur de recherche. Il précise en outre que cela a permis au géant américain du net d’en bénéficier sur le plan financier, en augmentant considérablement la valeur de ses produits publicitaires. Cela est largement contesté par Google, qui dénonce en des termes on ne peut plus clairs ces accusations. « Si un utilisateur n’acceptait pas (les modifications), son expérience de nos produits et services restait inchangée », affirme-t-on du côté de Mountain View.

Pas de quoi freiner les ardeurs de l’ACCC, qui estime par ailleurs que plusieurs millions d’Australiens, utilisant un compte Google, auraient été impactés par les modifications de 2016. Le président de la commission a fait la déclaration suivante à ce sujet : « Nous pensons que de nombreux consommateurs, s’ils avaient eu un choix éclairé, auraient pu refuser à Google l’autorisation de combiner et d’utiliser un si large éventail de leurs informations personnelles pour le bénéfice financier de Google ».

Rappelons que le dossier est maintenant entre les mains de la Cour fédérale du pays. Google risque des millions de dollars australiens d’amende. Affaire à suivre…